Article de Caroline MADEUF du JOURNAL DE L’EMPLOI – octobre 2013 suite à l’événement Formation Courant812 à Genève du 27 juin 2013
Partage de bonnes pratiques à la frontière suisse
Favoriser les échanges de bonnes pratiques : tel était l’objectif de la journée de découverte du système de formation suisse organisée en juin dernier par l’association Courant 812, à destination des chefs d’entreprises et responsables de centres de formation rhônalpins. Une expérience inédite menée entre la Haute-Savoie et la Suisse, que les reporters du Journal de l’emploi ont suivie pour vous.
Adepte du modèle « Dual », qui allie formation à l’école et apprentissage en entreprise dès l’âge de 15 ans, la Suisse affiche un taux de chômage global de 2,9%* (contre 10,8% en France) et de 2,8% chez les jeunes de 15 à 24 ans (19% en France), soit les taux les plus faibles de l’Union Européenne **. Pour mieux comprendre ces résultats, et encourager les échanges de bonnes pratiques en faveur de l’emploi entre nos deux pays, l’association Courant 812, réseau d’initiatives franco-suisses présidé par Thierry Baglan, a invité le 27 juin dernier les décideurs de Rhône-Alpes, à une journée de découverte du système dual suisse, à travers la visite de deux lieux emblématiques – la Cité des Métiers et le Centre de formation de Pont Rouge – en présence de Michel Failletaz, consul général de Suisse à Lyon.
Tout l’emploi accessible en un seul lieu
Première étape, la Cité des Métiers et de la Formation du Grand Genève, véritable cœur de l’insertion professionnelle du pays. Tout comme ses trois centres associés, à Annemasse, Onex et Meyrin, celle-ci rassemble en un même lieu tous les services liés à l’orientation, la formation et l’emploi. « La Cité des métiers se veut un espace ouvert de conseils et de ressources au service du public, loin des schémas administratifs, indique, tout en nous accueillant, Grégoire Evéquoz, président de la Cité des Métiers du Grand Genève et président du réseau international des Cités des Métiers (CDM). Le fait que tous ses services soient proposés en accès libre, gratuitement et sans rendez-vous explique en partie le grand succès rencontré par cette structure, au sein de laquelle plus de 21 000 personnes, jeunes ou adultes ont bénéficié d’une prestation au cours de l’année 2012 ». Au sein du bâtiment de sept étages, nous découvrons, répartis sur 300 m², cinq espaces spécifiques de conseil-documentation : « S’informer sur les métiers et les formations », « S’orienter et construire un projet », « Trouver sa formation continue », « Financer sa formation » et « Trouver un emploi ».
L’apprentissage, voie préférée des jeunes
« La recherche d’une formation continue compte parmi les thématiques favorites des bénéficiaires, avec près de 4000 visites par an sur le stand attitré, souligne Grégoire Evéquoz. Tout ce qui concerne la formation professionnelle intéresse également beaucoup les visiteurs, l’apprentissage étant particulièrement développé en Suisse : Deux tiers des jeunes choisissent actuellement cette voie ! Pour les aider à s’orienter, nous avons d’ailleurs mis en place un site internet et une application smartphone qui leur permet de visualiser, en temps réel, l’ensemble des places d’apprentissage disponibles dans chaque canton et secteur d’activité, avec une présentation des missions à remplir, les coordonnées des entreprises, et même la possibilité de postuler directement ».
Nous poursuivons notre visite avec Nicolas Rufener, secrétaire général de la Fédération Genevoise des Métiers du Bâtiment et Nicolas Aune, secrétaire général de l’Union Industrielle de Genève, qui nous reçoivent au sein du Centre de Formation Professionnelle de Pont Rouge, lieu incontournable pour la formation aux métiers du bâtiment et de l’industrie. Ouvert en 2012, à l’initiative de la Fédération genevoise des Métiers du Bâtiments (FMB), il « dispense des formations initiales et continues, pour jeunes ou adultes, et sur un éventail de métiers extrêmement large », explique Nicolas Aune.
La formation professionnelle, clef de la réussite du système économique suisse ? Pour Jean-Luc Favre, président de l’Union des Association Patronales Genevoises, c’est l’un de ses principaux piliers, associé au solide partenariat social sur lequel elle repose : « En Suisse, la formation professionnelle repose sur un partenariat tripartite entre la Confédération, les cantons, et les organisations du monde du travail (associations professionnelles, partenaires sociaux et entreprises). C’est ce système, basé sur le dialogue, qui permet une grande adéquation entre les besoins des entreprises et la conception des programmes de formation proposés aux jeunes, et ainsi une bonne insertion professionnelle et un faible taux de chômage, commente-t-il. Toutefois beaucoup d’autres éléments entrent en compte : la Suisse consacre 5% de son PIB à l’éducation, les charges sociales y sont faibles, le taux d’entrepreneuriat y est plus important qu’aux Etats-Unis et l’industrie représente 25% des salariés ».
*Source : Secrétariat d’Etat à l’Economie Suisse (SECO), Etat du marché de l’emploi en juin 2013, données actualisées au 7 juillet 2013.
** L’UE enregistre des taux de chômage moyens de 11% sur le plan global, et de 23,5% chez les jeunes.